lundi 31 août 2009

merci, Yves


ta force tranquille
rugit des perles rares
à bout de bras
à bout de souffle
ton sourire inquisiteur
affecte la masse des choses
agrandit l'horizon
je me souviens
on écoutait le silence
mes premières véritables conversations
la houle des mers intérieures
la vérité du moment présent 
l'émotion nouvelle de l'entendement

je me souviens
je jouais au piano dans le salon
toi, au sous-sol
flûte traversière
un duo impromptu

je souriais des entrailles
silence et musique
deux véhicules de paroles d'être
des plus sincères
le temps s'y décoince
l'éternité y habite
tu es monté de la cave
continuant à faire jaillir
de ta flûte
l'holographique présence
de ton âme
nos musiques, sentiers alpestres
pure ivresse spirituelle
ma première véritable conversation
par la musique
baptisée d'un élan de l'être
home sweet homme

mercredi 26 août 2009

des instants tannés

je voulais comprendre ce que ça fait d'être compris,
je me sentais seul
j'ai mémorisé et réussi bien des choses sans comprendre pourquoi
j'étais encore plus seul
je me suis retourné et j'ai couru
nature et distance du lieu de confusion
pour la première fois j'ai respiré en mon nom

puis j'ai oublié comment

dénature et résistance du lieu de confusion

je respire encore
même que si on m'aime, je m'aime
c'est déjà ça...
et ça épelle mes petits bonheurs

spleen USA


ma langue insiste,
les mots se risquent,
je peux tout dire,
je veux tout lire.

l'enfant rebelle,
sa rage s'est assoupie;
la furie des morsures
n'est plus qu'un souvenir.
peur du noir,
n'en savait rien,
dans sa frayeur des démesures,
il est parti prospecter,
être témoin
de sa re-naissance,
du déroulement
des événements,
avant que ne s'y cachent
de douteux resquilleurs clandestins.

l'audacieux courage du rêveur.

j'ai marché sur la gravelle et l'asphalte
des highways USA,
mélange montagnard, sac à dos, à couchage de l'armée, les flancs de routes mes dortoirs sans murs.

jours après jours mon sourire béat défie la folie des impossibles distances martelant ma raison.

Seattle à L.A.
Long Beach sur le sable
rencontres étranges
Tom Waits?

passé Palm Springs
oranges fraîchement cueillies
(rien d'écrit dessus!)
crazy sherrif voulait m'arrêter
faut que je continue ma route

Sierra Blanca, Texas.

désert américain...
y a tant d'étoiles et de rien que la pensée se tait.

cris et cavalcade toute proche de coyottes dans la nuit glaciale - d'instinct je bondis sur les poutres grotesques de l'enclos nu et grelottant, je crois que je les ai effrayés.
ils me le diront au matin tapis dans les collines.

3 jours sans eau sinon les auges du bétail, eau verte d'étangs oubliés, ampoules aux pieds size balle de golf, milliers de nids de serpents à sonnettes endormis pour l'hiver.

le village au loin est anonyme... oblivious...

laissé mon sac avec tout ce qui me reste sur le poteau d'une clôture avec un mot pour le fermier - mais j'ai changé d'idée.

dernière nuit près des rails le tonnerre du train me réveille à peine.



demain je retourne au village qui scintille au loin - sécurité, réconfort, poursuite de l'horizon sur des routes déjà tracées.

ma pensée dans la mélasse, une certitude, celle d'une dualité.

Fort Stockton, nuit à la belle étoile, une nova explose au ralenti dans le ciel comme le flash d'une caméra céleste...

voilà pour l'illumination. le rêveur s'éveille.

wagons de transport à la Nouvelle Orléans, silence des bayous sur le Golfe du Mexique, Mississippi, Alabama.
le pouce de nouveau, sortir d'ici, Noël s'en vient - je veux ma famille.

je surviens durant le repas,
24 Décembre
maman en larmes, heureuse que je sois sain(?) et sauf,
c'est tout ce dont je me souviens.
un souvenir encadré, étiolé.

8,000km, des dizaines de rencontres, le récit de ma vie passe d'une heure à 5 minutes.

la victoire tranquille du froid qui brise les pierres comme du pain béni me rappelle les forces qui m'ont brisé sans haine ni vengeance. c'est juste comme ça la vie - combat de Jacob avec l'ange.

la seul-itude est un musée sans heures d'ouvertures. par la lucarne de mon regard se bousculent en riant des morceaux d'oeuvres courant partout, reconnues, souvenirs, points d'ancrage, matière première.
telle est ma tendre folie maintenant.

as-tu vu?
je n'ai plus tellement peur... :O)

mardi 25 août 2009

Je veux pas crier

C'est un grand danger d'aimer Dieu comme un joueur aime le jeu. Simone Weil

À vivre plus près du vrai monde, avec leurs blessures et espérances, on voit Dieu de plus près, notre regard s'accoutume à la lumière des âmes. Ma famille m'apprend ça.

Ma vie a été un long cri, dont les échos confus ont bousillé mon sens d'orientation. Il m'a fallu toucher le fond, n'avoir plus conscience de moi qu'à travers un menu souffle d'espérance, avant d'enfin avoir des oreilles pour entendre.

Mais je trouve que ça crie trop à la TV, la radio, les églises, les boutiques, l'internet, ça crie pour rien, ça tue, ça se venge, ça élucubre à tue-tête. Je ne réagis pas bien au criage. J'ai cette rage au ventre que je préfère hibernante. Give me peace, je m'entends mieux avec le silence habité.

... pourtant j'aime bien la Toccate et Fugue en Ré Mineur de Bach et celle en Fa, ce passage de l'Hiver, des Saisons de Vivaldi, et la face A de l'album Tarkus d'Emerson, Lake & Palmer, la sublime 40e symphonie de Mozart, Motions of Stars de Vangelis...

L'homme et la femme de paix sèment la paix, et ils/elles ont un message simple: une démarche de conversation. Avec Dieu, avec l'autre. Je veux m'y trouver. Grâce et Présence.

photographie par Kathleen Connally


lundi 24 août 2009

Si j'me...

Être. Je suis.
Quand j'essaie pas c'est encore mieux.

J'ôte mes lunettes,
J'mets mon chapeau,
Je m'assis nu-pieds,
À regarder un huitième de pouce
Au-dessus de l'horizon,
C'est là que je n'ai plus questions.
J'y pense même pas.

Un noeud d'or retrouvé...

Sans port d'attache,
Au coeur des mots
Le verbe louvoie
En sa demeure
Jusqu'à l'hernie,
Qui le révèle douloureusement.

Témoin, je montre du doigt,
Ébauche milles intonations:
Celles-ci sont pour toi.

Comme le doigt
Sur la vitre mouillée,
Les courbes de ma voix
Tracent le contour
De degrés de certitude,

Éphémère... sans conséquence.

Comme les migrations,
Rites millénaires,
Je parcours les écarts des mots.

L'encre est un noeud
Que défient les vagues,
Au courant de l'hésitation,
De la mémoire émoussée...

Extérieur nuit.

Le phare fouette sa lumière
Sur des rivages imaginés,
Pont d'ancrage
Pour funambules de l'espoir
Qui rêvent suspendus
Sur les profondeurs défiées.

J'ai tendu la flêche
Jusqu'à mon oeil,
La corde désarquée
A giflé mon pas
Vers une terre orpheline,
Perce-vent de l'exil,
L'élan qui me ramène chez moi.

Henry David Thoreau - citations

"Ce qu'il y a de plus singulier dans la vie de l'homme, ce n'est pas sa soumission mais son opposition aux instincts. Il aspire à une vie surnaturelle."

"Il est plus désirable de cultiver le respect du bien que le respect de la loi."


"C'est la présence qui fait le silence d'une chambre."

dimanche 23 août 2009