mercredi 26 août 2009

spleen USA


ma langue insiste,
les mots se risquent,
je peux tout dire,
je veux tout lire.

l'enfant rebelle,
sa rage s'est assoupie;
la furie des morsures
n'est plus qu'un souvenir.
peur du noir,
n'en savait rien,
dans sa frayeur des démesures,
il est parti prospecter,
être témoin
de sa re-naissance,
du déroulement
des événements,
avant que ne s'y cachent
de douteux resquilleurs clandestins.

l'audacieux courage du rêveur.

j'ai marché sur la gravelle et l'asphalte
des highways USA,
mélange montagnard, sac à dos, à couchage de l'armée, les flancs de routes mes dortoirs sans murs.

jours après jours mon sourire béat défie la folie des impossibles distances martelant ma raison.

Seattle à L.A.
Long Beach sur le sable
rencontres étranges
Tom Waits?

passé Palm Springs
oranges fraîchement cueillies
(rien d'écrit dessus!)
crazy sherrif voulait m'arrêter
faut que je continue ma route

Sierra Blanca, Texas.

désert américain...
y a tant d'étoiles et de rien que la pensée se tait.

cris et cavalcade toute proche de coyottes dans la nuit glaciale - d'instinct je bondis sur les poutres grotesques de l'enclos nu et grelottant, je crois que je les ai effrayés.
ils me le diront au matin tapis dans les collines.

3 jours sans eau sinon les auges du bétail, eau verte d'étangs oubliés, ampoules aux pieds size balle de golf, milliers de nids de serpents à sonnettes endormis pour l'hiver.

le village au loin est anonyme... oblivious...

laissé mon sac avec tout ce qui me reste sur le poteau d'une clôture avec un mot pour le fermier - mais j'ai changé d'idée.

dernière nuit près des rails le tonnerre du train me réveille à peine.



demain je retourne au village qui scintille au loin - sécurité, réconfort, poursuite de l'horizon sur des routes déjà tracées.

ma pensée dans la mélasse, une certitude, celle d'une dualité.

Fort Stockton, nuit à la belle étoile, une nova explose au ralenti dans le ciel comme le flash d'une caméra céleste...

voilà pour l'illumination. le rêveur s'éveille.

wagons de transport à la Nouvelle Orléans, silence des bayous sur le Golfe du Mexique, Mississippi, Alabama.
le pouce de nouveau, sortir d'ici, Noël s'en vient - je veux ma famille.

je surviens durant le repas,
24 Décembre
maman en larmes, heureuse que je sois sain(?) et sauf,
c'est tout ce dont je me souviens.
un souvenir encadré, étiolé.

8,000km, des dizaines de rencontres, le récit de ma vie passe d'une heure à 5 minutes.

la victoire tranquille du froid qui brise les pierres comme du pain béni me rappelle les forces qui m'ont brisé sans haine ni vengeance. c'est juste comme ça la vie - combat de Jacob avec l'ange.

la seul-itude est un musée sans heures d'ouvertures. par la lucarne de mon regard se bousculent en riant des morceaux d'oeuvres courant partout, reconnues, souvenirs, points d'ancrage, matière première.
telle est ma tendre folie maintenant.

as-tu vu?
je n'ai plus tellement peur... :O)

4 commentaires:

  1. wow!

    je me souviens de ton arrivée!!!

    on the road inside, now, Jack :)

    à relire: Narcisse et Goldmund

    Jean-Marc

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  2. Merci pour l'aventure, qui respire la liberté et l'air pur!

    Je crois maintenamt percevoir que le voyage, c'est inévitablement à l'intérieur qu'on le fait...

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  3. Véronique: toujours...

    ... en tout cas, c'est ce que je crois moi aussi.

    Nos expériences nous révèlent à nous-mêmes. La marche intérieure de la croissance vers notre maturité est ponctuée par de multiples voyages/expériences extérieurs, dont certain nous mènent à visiter de près les frontières de nos capacités, toutes dimensions humaines confondues.

    Ces sources auxquelles nous pouvons toujours puiser afin de mieux cerner les contours et la densité de notre être entier, trouver équilibre et acquiescer à qui nous sommes à un moment spécifique donné, ce moment-là de lucidité, nous l'extirpons de la pierre de nos souffrances, comme un sculpteur à la fois tendre et forcené, intuitif et visionnaire.

    D'où le dicton populaire, je crois: les voyages forment la jeunesse... ?

    =:O)

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